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MIKAPABST REDACWEB

7 septembre 2021

J,ai découvert l'Airsoft !!

J,ai découvert l'Airsoft !!
Et oui ça peut paraître fou pour certains à 47 ans et des poussières j’apprends enfin l’existence de ce superbe sport mais de quoi s’agit il ? Pour ne pas rester dans l’ignorance je vous conseille vivement de rester jusqu’au bout de l’article L'Airsoft...
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8 septembre 2021

Un peu de lecture Made In Mikapabst de la péride où j'étais inspiré pour les nouvelles !!

JUGES ET BOURREAUX

 

 

Cette soirée était vraiment idéale pour une Saint-Valentin, chaude comme il faut pour installer le dîner sur la table du jardin, au beau milieu de la pelouse fraîchement tondue et qui sent encore le foin humide.

Je m'appelle Bastien Lagarde et vis depuis des années, ma naissance en fait, dans cette belle région qu'est la Provence.Je suis responsable informatique à l'hôpital d'Avignon, ce qui malheureusement m'occupe beaucoup car j'adore m'occuper de ma petite famille, ma femme Marie-Claire et mon fils Adrien.

Malgré ses six ans Adrien était un solide gaillard aux cheveux blonds comme les blés, je ne sais pas de qui il les tirait d'ailleurs puisque je suis plutôt du type méditerranéen et ma femme aussi.

Alors que j'étais perdu dans mes pensées tout en mettant le couvert, Marie-Claire apparut dans l'embrasure de la véranda, elle était magnifique, de longs cheveux noirs et raides, des yeux sombres en amandes, on aurait dit une andalouse, elle était vêtue comme j'adore, un tailleur noir qui laissait entrevoir la naissance de ses seins ronds et fermes au milieu desquels plongeait un médaillon en or.

 

-Tu as passé une bonne journée, demanda t-elle tout en s'approchant de la table ?

 

Ses talons s'enfonçaient dans la pelouse, me privant du bruit si érotique qu'ils font sur un parquet, mais j'étais aux anges, j'allais déguster la meilleure des Paellas aux noix de Saint-Jacques de la création en compagnie des deux personnes les plus importantes de ma vie.

 

Adrien s'est présenté en short et débardeur, je lui demandai s'il savait quel jour on était.

 

-On est le 14 février et alors !

 

 je lui expliquai que ce jour était spécial pour les amoureux et leur famille et lui ordonnai d'aller passer un beau pantalon et une chemise.

Il grommela je ne sais quelle expression de jeune garçon de son âge et fila.

Quelques minutes plus tard, il redescendit de sa chambre tout fier, il arborait un superbe pantalon à pinces noir, une belle chemise blanche, une cravate noire et une veste noire impeccable.

 

-C'est toi qui va faire le Service, plaisantai-je ?

-Je me suis habillé en Men In Black … répondit-il d'un air satisfait.

 

Grand fan de Will Smith je saluai son effort et l'invitai à passer à table à côté de sa mère, tout était réuni pour une bonne soirée.

Tout en effet, sauf un petit détail, le téléphone portable professionnel, il se mit à cet instant à sonner comme le glas, on avait besoin de moi à l’hôpital, une coupure électrique avait endommagé toute la structure de la base de données des patients, j'allais devoir partir et mettre en ordre tout ça au plus vite.

 

A peine avais-je raccroché que Marie-Claire, partie à la cuisine revint avec un grand sandwich au jambon et au Comté, mon préféré pour les soirs d'urgences.

 

Elle savait toujours ce dont j'avais besoin et c'est ce qui me plaisait le plus chez elle, à part son physique bien-sûr.

 

La mort dans l'âme je pris tout de même ma voiture et filai à l'hôpital où apparemment on avait vraiment besoin de moi. La coupure d'électricité avait tout perturbé, le standard était en alerte, il ne pouvait plus inscrire personne, je demandai à la secrétaire d'éteindre son ordinateur le temps que je relance les services sur le server au moins pour l'accueil, le reste pouvant à mon avis attendre.

Une fois celui-ci relancé je pus redémarrer tous les Services ce qui prend du temps, mais qui est indispensable, j'allais bientôt pouvoir rentrer chez moi mais disparu tout espoir de câlin ou autre activités tactiles et sensuelles, je décidai donc de me faire payer un ou deux cafés dans la salle de repos des infirmières.

 

A mon retour, un détail attira mon attention, toutes les lumières de ma maison étaient allumées, il était pourtant minuit à peu près et tout le monde était sensé dormir.

 

Je garai ma voiture le long du mas, autre détail et d'une plus grande importance, la porte de ma maison était grand ouverte. Je me précipitai, certain qu'il se passait quelque chose d'étrange, la poignée de la porte était pleine d'empreintes sanglantes. Ma tête commençait à tourner je devinai le pire.

Lorsque je pénétrai dans le salon une vision d'horreur assaillit mes yeux ébahis, Marie-Claire avait été égorgée avec violence par un instrument extrêmement tranchant et mon fils, étranglé, autour du cou des marques de doigts rougies persistaient encore.

 

Avant toute chose, je sortis la bouteille de whisky du placard et m'en servis un grand verre et appelai la Police, la maison étant très isolée personne n'avait sonné l'alerte …

 

La Criminelle ainsi que la Scientifique arrivèrent dans la demi-heure.

 

-       On ne tardera pas à trouver le criminel, il a laissé ses empreintes partout, déclara l'un d'eux.

 

En effet, il avait laissé ses empreintes digitales sur la poignée de la porte, sur la table basse, autour du cou de mon fils, partout, il ne s'agissait sûrement pas d'un professionnel.

 

-       J'aurais besoin de vos empreintes digitales et de votre A.D.N. Monsieur Lagarde, c'est la procédure, déclara l'un des policiers.

-       Allez-y, répondis-je en tendant la main .

 

Et tandis qu'ils effectuaient un prélèvement à l'intérieur de ma joue, le médecin légiste entra dans le salon.

Il se pencha aussitôt sur les victimes annonçant que la mort remontait à moins d'une heure.

 

-Si je n'avais pas bu ces deux cafés en salle de repos, j'aurais peut-être pu les sauver ou dissuader le meurtrier de passer à l'acte. Pensai-je.

 

On emporta les deux corps, ma famille, dans un grand sac noir à fermeture éclair puis tout le monde déserta les lieux ou presque.

Une jeune femme policier s'approcha et me fit promettre de ne pas faire de bêtises cette nuit, j’acquiesçai juste d'un signe de tête incapable de parler puis elle partit comme les autres.

 

Je me retrouvai seul chez moi avec mon chagrin, je me versai un nouveau verre et m'assis sur le canapé sans même allumer la télévision.

 

Non violent de nature, je n'ai même pas pensé à quelque idée de vengeance, je me disais que bientôt la Police l'aurait retrouvé et qu'il purgerait une longue peine pour ses méfaits plus que barbares.

 

Je n'avais pas tort, au bout de trois jours la Criminelle vint m'annoncer que l'homme était sous les verrous, ses empreintes correspondaient et il avait tout avoué.

Sous le coup de pulsions meurtrières il avait mis à exécution ce que son corps lui commandait, tuer. Tuer n'importe qui, mais tuer.

 

Il avait pris l'eustache de son père dans la salle bains, égorgé d'abord ma femme, premier rempart, puis s'était occupé à mains nues de mon fils pour que les voix dans sa tête s'arrêtent de réclamer du sang à tout prix.

L'arrestation de ce criminel hors du commun aurait pu me contenter mais il n'en était rien, je restai prostré chez moi avec ce mal qui me rongeait de l'intérieur.

 Aurais-je été mieux si j'avais tué moi-même cet individu ? Je ne crois pas, pourtant il me semble, que ça m'aurait soulagé finalement.

Pour ne pas y penser, je m'embrumais à coup de whisky dans les veines, jusqu'au moment où cela ne suffisait plus, ma douleur toujours tenace me blessait au plus profond de mon âme.

Quelques jours plus tard, je décidai de reprendre le travail pour penser à autre chose, mais pas sans paradis artificiel pour tenir le coup.

Dans l'une des cités d'Avignon, elles ne manquent pas, je trouvai quelqu'un capable de me fournir de l'héroïne. Une demi bouteille de whisky et un shoot et j'étais prêt à reprendre le boulot.

Au début, tout se passait comme d'habitude, je travaillais, faisais des blagues aux infirmières comme si de rien n'était. C'est ainsi que personne ne se douta de mon terrible secret de forme, mais au fur et à mesure, l'héroïne mélangée à l'alcool me rendait moins drôle, irritable, je n'arrivais plus à me concentrer pour mettre à jour ou réparer les ordinateurs, je devenais quelqu'un d'autre.

 

A tel point, qu'un jour je fus convoqué par mon chef de service qui trouvait mon attitude plus que discutable.

 

-       Bastien, que se passe t-il, demanda t-il alors que je m'asseyais dans son bureau ?

-       J'ai un gros problème, répondis-je !

 

Puis je lui montrai mon bras gauche stigmatisé par toutes les piqûres que je m'infligeais chaque matin pour me réveiller et chaque soir pour dormir.

 

-       Vous êtes un bon élément Bastien, nous pouvons vous aider pour une cure, ce serait bénéfique pour tout le monde.

-       Je ne sais pas, l'héroïne et l'alcool m'aident à survivre et je ne sais pas comment je serais sans cette aide psychologique.

-       C'est vous qui voyez Bastien.

-       Je préfère démissionner, Monsieur, je ne suis plus en état de travailler ou même de côtoyer des collègues, conclus-je, résigné, me relevant de la chaise sur  laquelle j'étais assis et tournant les talons.

 

Voilà, plus de famille, plus de travail, je ne comptais plus que sur ma capacité à oublier …

Je passai mes journées à regarder la télévision, buvant mon whisky au goulot et m'injectant dans les veines cette stupide drogue. Quelques fois mieux vaut apprendre à mourir qu'apprendre à vivre.

 

Désireux d'arrêter tout ça pour reprendre le cours de ma vie je fis de nombreuses cures mais sans succès, le poison était trop fort et trop ancré en moi. Dès que je reprenais, c'était comme si je n'avais jamais été sevré bien au contraire, l'effet était plus virulent et il m'en fallait de plus en plus.

Si bien que, sans travail à présent, et donc sans argent, j'avais du mal à me fournir.

 

En outre, à force de consommer, le sommeil n'était plus au rendez-vous et l'appétit non plus, je maigrissais à vue d’œil et les poches sous mes yeux se creusaient de plus en plus.

 

Boire seul ne me suffisait plus et je recherchais de la drogue à moindre coût, quitte à m'embrumer d'avantage.Qu'elle soit coupée à n'importe quoi ne m'importait guère, peu importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse.

 

Je partais donc chaque soir pour la nuit jusqu'à Marseille, capitale de la drogue bon marché et des bars peu recommandables.

 

Je me garais aux alentours du Vieux Port, puis prenais les rues adjacentes qui sentaient bon l'urine et la sueur des clients de passage.

Je traînais des heures, pour autant dire toute la nuit, dans les bars à prostituées buvant et contant mes malheurs à qui voulait bien les entendre, c'est fou comme ça peut faire du bien de parler à des inconnus qui, ne vous connaissant pas, ne vous jugent jamais, d'autant qu'ils se trouvent dans une situation qui ressemble à la vôtre.

 

Au petit jour, pris parfois de somnolence je m'endormais au volant de ma voiture, ne me réveillant même pas, lorsque les contractuelles levaient mon essuie-glace pour y glisser une contredanse.

 

Ce grand périple, pour quelqu'un dans mon état, dura plusieurs semaines...

Jusqu'au jour où, à force de m'injecter des produits frelatés je fis une overdose, je tombai le long du trottoir en face de mon bar préféré et mes anges gardiens, ou plutôt mes sirènes protectrices, appelèrent aussitôt les secours.

 

Les pompiers étaient en train de me ranimer lorsqu'une lueur aveuglante emplit mes globes oculaires. Ce n'était pas la lumière diffuse que décrivent les gens victimes d'EMI (Experience de Mort Imminente), je n'étais pas dans un couloir, la lumière était juste insupportable.

Puis une voix grave et rauque accompagna ma vision : je ne trouverai le réconfort qu'en m'abandonnant totalement à Dieu, en lui confiant ma vengeance, ce sentiment qui finalement me ronge.

 

-       Tu auras droit à ta Vendetta mais pas pour le moment, dit la voix intérieure

-       Tu dois attendre, faire ton séminaire et devenir un homme d'Eglise, continua t-elle.

-       Mais comment, pourquoi moi, pensais-je ?

-       Il n'existe pas de Jugement Céleste en revanche la Justice Divine existe bel et bien et s'exécute sur terre. Elle est donc confiée à une créature terrestre telle que toi. Tu as été élu pour devenir un homme à la Foi puissante capable de faire de toi un Juge et un Bourreau le moment venu.

 

A cet instant, mon cœur se remit à battre, mes poumons se gonflèrent d'oxygène et je revins à moi.

Je savais que désormais une nouvelle aventure se présentait.

Première étape, effectuer mon séminaire, un esprit sain dans un corps sain.

 

Très vite et sans même en faire l'effort je parvins à me passer d'héroïne et d'alcool, comme si quelqu'un d'extérieur m'aidait, mais je pensais bien savoir qui, le seul à pouvoir faire des miracles.

Je me renseignai sur la façon de devenir prêtre puisque telle était désormais ma vocation, j'appris que d'Avignon le Diocèse nous envoyait à Venasque, un petit village perdu dans la campagne près de Carpentras au Studium de Notre-Dame de Vie.

Je savais que désormais j'allais devoir me former à la philosophie et la théologie pendant près de six ans. Mais peu importait je devais retrouver un sens moral à ma vie.

J'y appris bien plus, le pardon, l'abnégation et la Foi absolue en Dieu.

 

Une fois ma formation et mes stages sur Toulon effectués, je fus muté dans une petite paroisse d'Avignon où je me demandais bien comment j'allais pouvoir mettre en pratique les pouvoirs que Dieu m'avait confiés quelques années plus tôt lors de ma surdose dans les rues malfamées de Marseille.

 

Les paroissiens, ayant été privés depuis plusieurs années de prêtre au sein de leur église, affluèrent en masse, satisfaits de mes services j'eus de plus en plus de monde aux offices comme au confessionnal, mais rien de bien grave ne m'alerta, une femme avait commis l'adultère, un jeune communiant avait bouché un canal utilisé pour la pisciculture, je ne voyais pas pourquoi, comme il m'avait été dit quelques années plus tôt, j'avais été choisi pour devenir un vengeur divin.

 

Mais alors qu'un soir j'astiquais les bancs de mes fidèles qui désormais se remplissaient, chaque samedi soir et dimanche matin, une envie folle me prit de faire une pause.

Je passai les deux portes battantes et allumai une cigarette. En cette belle journée d'été le soleil brillait encore de mille feux, je détournai mon regard pour voir un vieil homme, l'air décidé à rentrer dans l'église. Il trempa sa main dans le bénitier, fit son signe de croix puis, dans l'allée centrale, s'agenouilla en signe de respect, il se dirigea vers la nef de gauche et entra dans le confessionnal.

 

J'étouffai ma cigarette sous mon pied puis le rejoignis, il s'agissait certainement là d'une urgence.

 

-       Pardonnez-moi mon Père car j'ai pêché, déclara t-il, à peine avais-je tiré le cache de la grille qui nous séparait.

-       Je vous écoute, répondis-je intrigué.

-       Je suis victime d'une petite voix qui s'empare de mon corps et de mon âme,elle me réclame du sang, où que j'aille et quoi que je fasse. J'essaye de résister mais je n'y parviens pas …

-       Que puis-je pour vous, questionnai-je ?

-       J'ai tué trois personnes en quinze jours, des innocents, la voix a repris sa petite rengaine depuis que je suis sorti de prison et je ne peux la faire taire sans passer à l'acte.

-       Vous devez vous rendre à la Police, Monsieur, c'est le seul exutoire.

-       Avant de mourir je voudrais recevoir l'absolution, vous seul pouvez me la donner …

-       Je ne suis pas le seul prêtre en Avignon que je sache ?

-       C'est vrai mais vous êtes le seul à avoir perdu votre famille par ma faute. Si j'ai fait dix ans de prison, c'est parce qu' un soir, les voix se faisant trop virulentes, je me suis introduit chez vous, j'ai égorgé votre femme avec mon rasoir, et ses hurlements réveillant le petit je dus le tuer aussi, mais de mes propres mains.

-       Seigneur Dieu, soupirai-je ?

-       Vous devez me donner l'absolution mon Père, je vous ai tout dit, vociféra le vieil homme !

 

Aussitôt, l'église s'assombrit, des nuages noirs se formèrent au dessus de sa coupole laissant s'échapper de gigantesques éclairs. Sa colère noire avait déclenché quelque chose dans les cieux.

 

A cet instant, mes doigts se raidirent et s'élevèrent jusqu'à mes tempes, ma vision se troubla puis un halo aveuglant occupa tout mon champ  visuel.

C'est alors que sans en prendre conscience, je prononçai les mots du Juge divin, devant son auditoire.

 

-       Que les pouvoirs de Dieu se manifestent !

 

On entendit comme des hurlements stridents s'échapper près de la clé de voûte, les grands cierges positionnés de chaque côté de l'autel prirent feu laissant dégouliner sur le sol de la cire devenue rouge et noirâtre.

 

-Mais que … s'interrogea le vieil homme ?

 

Il fut tout à coup éjecté du confessionnal et terrassé, sans pouvoir bouger le petit doigt.

Comme des sortes de crissements très aigus s'approchèrent de mon église, puis des chauve-souris éclatèrent les vitraux du côté sud, elles étaient des dizaines et directement se dirigèrent sur le visage de l'homme cloué à terre. Dévorant ses yeux elles continuaient leur chant macabre.

 

Ce fut au tour des rats de surgir de nulle part, ils se précipitèrent sur l'abdomen du malheureux, le foie, l'estomac, la rate, tout y passa puis ils finirent en grignotant la paroi abdominale jusqu'au cœur, centre de vie.

Le vieil homme cessa de respirer, la lumière disparut de ma vue, je regardai les chauves-souris et les rats disparaître comme autant de créatures faites de poussière d'ange.

A travers les vitraux cassés je voyais le soleil réapparaître juste avant de se coucher, c'était fini.

Je venais de devenir Juge et Bourreau du tribunal divin sur terre.

 

Le cadavre du vieil homme gisait à terre dans sa mare de sang, le sien, le mien, le vôtre celui du pêché …

 

 

La loi du Talion n'a jamais été la meilleure solution à la violence et pourtant ...

 

 

 

8 septembre 2021

une petite poésie pour se rappeler que nous sommes tous des comédiens !!

ON JOUE TOUS UN RÔLE

 

 

 

Un peu usé

Comme de vieux rouages rouillés

Je jette un regard sur les toits

Je me retourne sur moi.

 

Je garde les cicatrices du froid

Les brûlures du soleil

comme autant de rides d'effroi

Je garde les plis de mon sommeil.

 

Pourtant je me relève chaque jour

Comme si c'était un jour sans fin

je garde la foi toujours

Pour être plus vivant demain.

 

Mais mon espoir est fragile

Il de ne repose sur rien

rien de concret, rien d'utile

Juste voir le lendemain.

 

Alors je joue mon rôle

J'essaye de faire le Bien

Et ça me fait tout drôle

Quand m'est rendu ce bien

 

La vie c'est pas compliqué

Juste besoin de faire semblant

Qu'on est bon, qu'on est gai

 

Michaël PABST

8 septembre 2021

que pensez-vous de se détendre en lisant une petite nouvelle de mon cru ?

666 : CODE CICATRICE

 

 

 

Mon nom est Angus de Fébricule, je suis né le 6 juin 1966, en Provence, dans cette bonne ville d’Avignon, que je n’ai jamais quittée.

 

Ma vie jusque là s’est déroulée sans encombre, aucune maladie ni malheur notoire, mais aucun bonheur non plus, comme un film sans grand intérêt qu’on regarde passif en attendant la fin.

 

Je n’ai ni enfant, ni femme, et c’est ce qui, à mon âge, me manque certainement le plus.

Je connais pourtant celle qui pourrait changer mon horizon terne et blafard et qui saurait certainement me donner de beaux enfants, elle s’appelle Michelle et vit de l’autre côté de la rue.

 

Je la vois ou plutôt la croise tous les matins depuis 3 longues années. J’aurais pu, depuis longtemps,  l’aborder, mais la triste vérité est que tous mes efforts pour entrer en contact avec elle sont immédiatement annihilés par une timidité maladive qui me ronge de plus en plus.

 

J’ai même essayé de coucher sur papier les sentiments que j’éprouve pour elle, mais dès lors que je m’approche de sa boîte aux lettres, je suis pris de tremblements, mes mains sont moites et je range dans ma poche ma déclaration épistolaire pour la brûler aussitôt rentré chez moi.

Quand on y réfléchit, il s’agit du plus idiot des comportements, au mieux je nagerais dans le bonheur, au pire elle refusera, il ne s’agit pas là d’une affaire d’Etat …

 

Je vais laisser tomber l’écriture et me faire violence pour lui parler face à face.

Enhardi par une sorte de force du désespoir, je traversai la rue et sonnai à sa porte.

Chaque seconde qui s’égrenait augmentait mes pulsations cardiaques, je fixai frénétiquement la poignée de la porte comme s’il s’agissait d’un couperet prêt à s’abattre.

Puis, mon cœur se mit à ralentir, je me sentis mieux. Tout à coup, j’avais compris qu’elle avait dû s’absenter et je rentrai chez moi.

Une fois à l’intérieur, je me sentis tout penaud, comme un jeune boxeur qui est passé à côté du match de sa vie parce qu’il a refusé de combattre.

Le mieux-être que j’avais éprouvé plus tôt se transformais peu à peu en honte, en mépris de moi-même.

J’avais l’impression que rien ne pouvait changer ce destin de solitude, personne ne serait jamais assez fort pour briser les remparts que je construisais tout autour de moi.

 

La nuit était chaude ce soir-la, je décidai d’ouvrir la fenêtre pour respirer un peu.

Regardant les étoiles, j’émettais un SOS, une prière à qui l’entendrait, n’importe qui, n’importe quoi pourvu qu’il ou elle m’aide à changer d’existence…

 

lorsque mon regard s’attardait sur une étoile, un immense nuage obscur envahit la nuit, pourtant claire jusque là.

Le voile sombre avançait à une vitesse affolante, plus il avançait, plus on entendait le cri perçant de je ne sais quel oiseau nocturne. Enfin, je vis de quoi il s’agissait, un nuage de corbeaux, des centaines, des milliers déchiraient le ciel à vive allure.

Soudain, le nuage sembla se figer, à quelques dizaines de mètres de la rue.

Une lumière vive le transperça, puis se mit à grandir, il m’était impossible d’en distinguer la source mais une chose était sure, elle s’approchait peu à peu …

Mon sang commençait à se figer dans mes veines, j’avais déjà peur de parler à une jeune fille, alors imaginez l’effet d’une telle apparition …

Je ne pouvais faire autrement que de fixer cette lumière étrange qui, à quelques mètres de moi se transforma bientôt en un immense faisceau rouge sang.

Il toucha mon visage et une chaleur intense s’empara de tout mon corps.

Je me réveillai un instant plus tard, allongé sur le sol, me précipitai à la fenêtre …

Tout était fini, le ciel avait retrouvé la clarté qu’on lui connaît en été dans le Sud de la France.

Je fermai la fenêtre fébrilement et, me retournant vers la cuisine, je le vis.

Un homme d’une trentaine d’années, vêtu d’un smoking sombre me faisait face.

Des cheveux longs et noirs couraient sur ses épaules, il me sourit et s’avança.

 

- Qui êtes-vous ? demandais-je inquiet.

 

-       On me donne tant de noms, mon bon ami … Tout ce que tu dois savoir est que je suis là pour t’aider.

-       Mais …

 

 

Je n’eus pas le temps de finir ma phrase, il mit une main sur mon épaule et s’exclama :

 

-       Elle est belle Michelle, et tu sais, elle est attirée par toi, mais si tu ne fais rien elle s’en ira avec un autre, son destin n’est pas de rentrer au couvent. Je peux t’aider si tu veux, mais seulement si tu le veux de toute ton âme.

-       Je ferai tout ce qu’il faut. répondis-je immédiatement.

 

Il prit alors mon avant-bras, une grosse chevalière en or sur laquelle était gravée une croix retournée ornait son majeur gauche.

Il fixa mon regard de façon si intense qu’on aurait cru qu’il pouvait voir au plus profond de mon âme, l’ongle de son pouce entra dans la chair de mon abdomen qu’il entailla profondément. Au fur et à mesure que son ongle déchirait mon épiderme la plaie brûlait, se cautérisant instantanément, la souffrance étant à son comble, je m’évanouis.

 

C’est au petit matin qu’un doux baiser me sortit du sommeil, Michelle était là.

 

-       Tu as bien dormi, mon chéri ? s’enquit-elle

 

Je n’en croyais pas mes yeux, je me levai sans un mot,  cette chambre n’était pas la mienne, blanche et aseptisée, c’était une chambre d’hôpital.

 

-       Que s’est-il passé ?

-       Une petite crise d’appendicite ce n’est rien, mon chéri. Tu auras une belle cicatrice mais c’est tout.

-       Et les corbeaux, l’homme en noir ?

-       L’anesthésie ! déclara le chirurgien qui venait d’entrer dans la chambre.

 

Sur le trajet du retour, je décidai de confier à Michelle le mauvais rêve que j’avais fait pendant l’opération, elle sourit puis me caressa la joue.

 

Arrivé à la maison, il me semblait n’avoir jamais vécu à cet endroit, la bastide en rase campagne dans laquelle j’avais été conduit me paraissait totalement inconnue.

Je fouillai dans ce que je supposai être mon armoire, tous mes vêtements étaient là, bien ordonnancés comme rangés par une logique féminine.

Tout était de plus en plus confus dans mon esprit.

Suis-je avec Michelle depuis aussi longtemps qu’il me semblait la désirer ?

Ai-je tout rêvé ou suis-je, au contraire, actuellement en train de sommeiller ?

Aucune réponse ne me venait …

Je décidai de soulever ma chemise pour vérifier les stigmates de l’intervention.

 

Une cicatrice d’opération de l’appendicite mesure 2 à 3 centimètres, la mienne partait du nombril pour se terminer sur la hanche. De plus, la plaie était toute boursouflée, comme cautérisée à très vive chaleur, une chaleur intense, hors du commun.

 

Ce détail m’intrigua au plus haut point, aussi je décidai de rencontrer le chirurgien qui m’avait opéré.

J’obtins un rendez-vous aussi rapide que surprenant : il me convoquait le jour même dans son bureau.

 

-       Je suis heureux de vous revoir, mon bon ami ! déclara t-il à l’instant où je passai

l’embrasure de la porte.

 

 

 

Un frisson de terreur se mit à courir le long de ma nuque lorsque j’entendis ces 3 mots « Mon-Bon-Ami », ils me rappelaient trop la nuit passée, cette nuit décidément très étrange.

Il ne ressemblait pourtant pas à mon visiteur. Ses yeux étaient clairs, ses cheveux étaient courts et d’un roux qui faisait penser aux imageries Vikings.

 

-       Votre cicatrice vous dérange, c’est bien ça ? demanda t-il en souriant de façon singulière.

-       Ce n’est pas une cicatrice chirurgicale, n’est-ce pas ?

 

Le chirurgien croisa les doigts sur son bureau, je baissai les yeux, il portait la même chevalière que mon mystérieux visiteur.

 

-       Il s’agit du stigmate du souvenir, le souvenir de la nuit dernière, celle des corbeaux, celle de notre arrangement, mon bon ami. répondit-il comme satisfait.

-       Mais …

-       Oh ! Ne t’en fais pas, tu vivras vieux et heureux aux côtés de Michelle, grâce à moi et vous aurez de beaux enfants, je viendrai seulement te rendre visite à ton dernier souffle, lorsque tu n’auras plus besoin de rien. J’ai seulement ôté la cicatrice purulente qui te rongeait le cœur depuis si longtemps pour en faire une propre un peu plus bas …

 

Il avait peut-être raison. Vaut-il mieux réussir sa vie sur terre, on la sait courte mais concrète, ou accomplir son existence dans l’au-delà, certes éternelle mais totalement improbable ?

 

Je préférai opter pour la première solution.

 

Angus posa le stylo à plume qui venait de servir à coucher sa vie sur papier et referma son journal intime, rédigé quelque peu sur le tard.

A 102 ans, il vivait désormais dans une maison de retraite non loin de sa ville natale.

Il se remémorait chaque jour tout le bonheur qu’on lui avait donné et auquel il n’aurait jamais pensé prétendre.

Sa femme aimante au dernier comme au premier jour, ses enfants, ses petits enfants et une réussite professionnelle totalement inattendue.

Puis il pensait à sa douce Michelle, arrachée à la vie il y avait maintenant 2 ans.

Angus avait tout fait pour elle, et peut-être un peu trop. Arrivé au crépuscule de sa vie, il se posait de plus en plus de questions sur son choix.

 

Perdu dans ses souvenirs, Angus ne vit pas qu’une étoile brillait plus que les autres ce soir, il entendit seulement les hurlements stridents de milliers de corbeaux qui approchaient.

Il comprit alors qu’Il était là. Le visiteur venait chercher son tribut.

Le vieil homme se coucha à plat dos sur son lit, abaissa doucement les paupières et, posant la main sur sa cicatrice abdominale, il chuchota dans un soupir d’apaisement : « Je suis prêt ».

 

7 septembre 2021

Petit homme

Petit homme est parti à la guerre

Comme les autres hommes sont partis naguère

Il a vu les siens tomber sous les balles

Le feu, le sang et des milliers de raffales.

 

Petit homme a juste 18 ans

Il ne connaît qu’ordres, pluie de balles et sang

Son avenir est déjà tout tracé

Il deviendra cadavre au fond d’une tranchée.

 

Un fusil, un casque lourd, il a tout du héros

Malgré la mort des siens, il garde le sang chaud

Il fronce les yeux mais une fois sorti de l’embuscade

Les M16 ennemis perforent son arcade…

 

Petit homme est mort

Dans la boue, son sang se répand sur d’autres corps

Il s’est battu pour la liberté

La mort a eu raison de son entité.

 

Aujourd’hui ils sont tous là

Généraux, Capitaines, Papa, Maman

Les obsèques se font en grand

Mais petit homme est mort pourquoi ?

 

Son père et sa mère sont en larmes

Tandis que retentit l’adieu aux armes

Rien ne peut justifier la mort d’un enfant

Contre une médaille en fer blanc.

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